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Bonne nouvelle : sourire augmente l'espérance de vie !

Article paru dans le site ça m'intéresse.

"Souris à la vie et la vie te sourira !" Les chercheurs ont prouvé que le dicton avait du vrai. Baisse du stress, de la douleur… les bénéfices sont multiples.

 

Sept ans d’espérance de vie en plus !

Peu de médicaments peuvent se vanter d’un tel bénéfice. Le sourire posséderait cette vertu, sans le moindre effet secondaire. Comment le sait-on ? En 2010, aux États-Unis, des chercheurs en psychologie ont étudié les photos de 230 joueurs de la ligue de base-ball des années 1950, âgés alors d’une trentaine d’années, et les ont classées en fonction de l’intensité de leur sourire. Ils ont constaté que l’espérance de vie, six décennies plus tard, de ceux qui souriaient largement était de sept ans supérieure à celle des sportifs qui affichaient un visage neutre ou maussade.

 

S’il ne suffit pas à assurer la vie éternelle, ce simple mouvement des lèvres engendre des effets positifs sur la santé, prouvés lors de nombreuses études. "Le sourire n’exprime pas simplement un sentiment de bien-être, il augure clairement une meilleure santé", résume Didier Grandjean, professeur à la faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’université de Genève. "L’impact mesuré sur la longévité n’est que le résultat d’une succession d’effets positifs." Activer régulièrement les 17 muscles liés au sourire a d’abord un impact sur le niveau de stress.

 

Sourire fait baisser le niveau de stress.

En effet, le cerveau évalue notre humeur à partir de l’utilisation de nos zygomatiques. Et l’on observe à l’IRM (imagerie par résonance magnétique) que la commande motrice des muscles stimule des régions cérébrales associées à la satisfaction. Ce qui active le circuit de la récompense, lié au plaisir. Donc, si l’on sourit, le cerveau en déduit que nous sommes en train d’éprouver un sentiment de bien-être, ce qui fait baisser le niveau de cortisol — la fameuse hormone du stress.

 

Sourire réduirait la perception de la douleur.

Le sourire libère aussi des endorphines, qui provoquent bien-être et plaisir, et dont la production dans l’organisme est décuplée par l’activité physique. Des psychiatres ont constaté que les patients qui avaient une tendance naturelle à sourire sortaient plus rapidement d’un épisode dépressif. Cette baisse du stress agit ensuite comme un cercle vertueux. Les endorphines, qui sont aussi de puissants analgésiques, agissent comme la morphine. Le fait de sourire réduirait donc la perception de la douleur. Et un quart d’heure de vrai rireaugmenterait de 10 % notre seuil de tolérance à la souffrance.

 

Autres effets positifs : notre rythme cardiaque ralentit et la pression artérielle diminue. Des chercheurs ont montré que même des sourires forcés parvenaient à diminuer le nombre de battements cardiaques par minute. Avec, toutefois, moins d’efficacité qu’un vrai sourire.

 

Selon l’Américain William James, pionnier de la psychologie, "on pourrait modifier l’état psychologique de l’individu en lui faisant adopter certaines expressions". Un test très connu illustre cette théorie du "feedback facial", relate Laurent Bègue, professeur de psychologie sociale à l’Université Grenoble-Alpes : on demande à des personnes pensant participer à une expérience de psychomotricité de coincer un stylo, soit entre leurs dents, soit entre leurs lèvres. Puis elles doivent évaluer le caractère humoristique de plusieurs dessins. Celles qui avaient un stylo entre les dents trouvaient les dessins plus drôles. L’explication avancée ? Pour tenir un stylo entre les dents, il faut utiliser ses muscles zygomatiques, ceux du sourire. Hélas pour Fritz Strack, l’auteur du test, les résultats n’ont pas été confirmés à 100 % lors de tentatives visant à conforter sa théorie !

 

Attention, le sourire n’est pas toujours synonyme de bonheur.

"Certes il est lié à une émotion positive, mais il permet de transmettre un grand nombre d’autres expressions", explique Magdalena Rychlowska, chercheuse en psychologie sociale à Belfast (Irlande du Nord). Les spécialistes se sont mis d’accord pour établir trois grandes catégories : le sourire de joie, le sourire d’affiliation — qui permet de créer du lien avec les autres — et le sourire de domination.

 

Le premier est en grande partie inné. "Même les bébés aveugles peuvent le produire, car il est lié à des mécanismes génétiquement programmés", précise Didier Grandjean. Au cours de ses deux premiers mois, le nourrisson commence à faire le lien entre ses émotions et les expressions faciales. Associé à un sentiment de bonheur, ce sourire diminue les tensions chez l’enfant et préserve, de fait, le capital santé de l’adulte qu’il deviendra en réduisant son exposition au stress.

 

Le sourire d’affiliation, moins spontané, nous sert à réconforter ou témoigner de la sympathie à autrui. Et lui aussi « nous fait du bien et déclenche en nous des sentiments positifs », assure Magdalena Rych lowska.

 

Quant au sourire de domination, il sert à affirmer son pouvoir, qu’il soit réel ou souhaité.

 

Quand ils sont forcés, ils peuvent avoir des effets délétères.

"Quand l’expression faciale n’est pas en accord avec ce que l’on ressent, les effets bénéfiques n’ont aucune raison de se produire", affirme Didier Grandjean. Certains sourires forcés peuvent même avoir des effets délétères. Les professionnels contraints d’afficher un sourire commercial en font parfois les frais. Des chercheurs américains ont mené une expérience avec des conducteurs de bus. Ils ont comparé les jours où ceux-ci avaient des sourires de façade et ceux où leurs sourires étaient sincères, en les associant à des pensées positives. Résultat : leur humeur se détériorait nettement lorsqu’ils devaient surjouer la sympathie, au point de ne plus être concentrés sur leur travail.

 

Alors, est-ce vraiment utile d’apprendre à sourire ?

Contrairement à ce que l’on a pu penser, forcer des dépressifs à sourire ne présente aucun intérêt thérapeutique. Et pour ceux qui ne souffrent d’aucune pathologie ? "Si l’apprentissage consiste à se regarder dans la glace et à chercher à décocher un sourire ravageur, cela risque en effet de ne pas être très efficace", explique Ève Herrscher, directrice de l’Institut européen de Synergologie — une discipline qui décrypte le langage corporel. "Il faut essayer de ressentir ce qu’il y a de positif dans une situation, et le sourire viendra. Et même si quelqu’un peut chercher à améliorer son sourire, avec des soins dentaires par exemple, c’est le travail intérieur qui prime." Les comédiens usent de ce stratagème. Afin d’exprimer le bonheur avec le plus de justesse possible, ils apprennent à faire remonter des souvenirs heureux. Cependant, s’exercer à sourire peut s’avérer utile. "Si vous amorcez volontairement un sourire, vous en recevrez sans doute un en échange, plaide Magadalena Rychlowska. C’est un premier pas vers l’autre."

 

La vie commence par un sourire.

La toute première expression faciale serait un sourire. Il s’agirait en l’occurrence plutôt d’une mimique, puisqu’elle s’observe autour de la 24ème semaine de grossesse. Pour des expressions plus complexes, qui préfigurent la colère ou la douleur, il faudra attendre douze semaines de plus.

 

Grâce à l’imagerie en 4D, des chercheurs ont pu constater que le sourire arrivait très tôt dans le développement de l’enfant. Le Pr Stuart Campbell, un obstétricien britannique qui capture depuis 2001 des images de fœtus souriants, déclare : "Je ne peux pas dire ce qui se cache derrière ce sourire", mais "je pense que cela doit être une indication de contentement dans un environnement sans stress".

 

Après la naissance, le sourire tend à disparaître. Un bébé esquisse à nouveau cette expression faciale autour de la 5ème semaine. Sa signification reste mystérieuse. Selon certains psychologues, il serait en plein apprentissage des émotions, et le sourire l’aiderait à ressentir la joie. Et contrairement à ce que l’on a cru pendant des années, un bébé n’a pas besoin de voir ses parents sourire pour être capable de le faire. Quant au sourire anticipatoire (qui reflète un partage d’émotions), il n’arriverait qu’entre le 8ème et le 12ème mois… avec les premières dents.

 

Par Cécile Coumau, Marion Guyonvarch et Frédéric Karpyta.