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Gaspillage alimentaire : vers la fin des dates d'expiration ?

Article paru dans l'Express en février 2019.

Sur les emballages, les dates limites de consommation poussent au gaspillage. Un livre blanc les remet en cause.

 

Pour réduire le gaspillage alimentaire, comment réviser les dates de péremption pour en faire un véritable indicateur sanitaire et durable fiable ? C'est la question que se pose un livre blanc qui vient d'être publié par l'association France Nature Environnement avec l'application anti- gaspillage Too good to go.

 

Car les dates limites de consommation (DLC) ou limites de la date de durabilité minimale (DDM) affichées sur de nombreux produits alimentaires correspondent mal au danger réel du produit s'il est consommé après cette date. Bien souvent, les aliments marqués "à consommer de préférence avant..." sont jetés inutilement par le consommateur et participent au gaspillage alimentaire. Alors qu'ils ne font que perdre certaines de leurs vertus (apparence, goût ou encore texture) sans présenter de risque pour la santé.

 

Des suggestions.

D'où l'idée de ce guide, publié à l'occasion du troisième anniversaire de la loi anti-gaspillage alimentaire. "Le choix du législateur d'employer la dénomination "Date de Durabilité minimale" [ou] "à consommer de préférence avant le/fin" pour une date se rapportant à la qualité du produit crée la confusion chez le consommateur, qui l'assimile à une date limite à ne pas dépasser", écrit le rapport.

 

Le livret contient des préconisations. Par exemple, travailler par interprofession, afin d'aligner les dates de péremption sur des produits phares par filière, dans le but de réduire les marges de sécurité et d'allonger la durée de vie des produits. Ou améliorer la qualité des emballages pour allonger la durée de vie. Mais encore, tout simplement, changer la formulation pour se rapprocher de la formulation anglophone, best before (meilleur avant le...).

 

Appel au(x) bon(s) sens.

Et pourquoi ne pas faire appel à la raison des acheteurs ? "Il est temps que les consommateurs fassent confiance à leurs sens : le visuel, l'odeur et le goût du produit", insiste Lucie Basch, fondatrice de l'appli Too good to go, au Parisien. "Prenez un comté, si vous l'achetez dans un supermarché, il est assorti de cette DDM. Si vous allez dans une fromagerie, vous vous fierez à vos sens. Preuve qu'on sait le faire."

 

La loi contre le gaspillage alimentaire, votée le 3 février 2016, interdit aux grandes surfaces de plus de 400 m2 de jeter de la nourriture et de rendre leurs invendus impropres à la consommation.